Michèle Bouchard a disparu

Jeudi 16 juillet, l’artiste scuplteur Michèle Bouchard a dû partir de l’Arena pour un autre lieu sur le boulevard principal. Les émanations de ses soudures étaient trop importantes et dérangeaient !
Ce fait “divers” me semble le bon prétexte pour créer une mini-polémique au sein du Symposium et faire en sorte que les  médias acadiens en parlent comme l’exemple d’un nouveau “dérangement” (mais petit). Michèle devient ainsi le symbole de l’itinérance acadienne, inexorable et peut-être finalement libératrice et nécessaire.



En discutant avec les habitants, je me rends compte à quel point le sentiment acadien est important ici. L’Acadie, ce n’est pas le Québec ! est la première chose que j’apprends. De France, ils nous semblent que les francophones au Canada, ce sont les québecquois. Mais non ! Les acadiens aussi. 

Partout par ici est représenté le drapeau acadien : bleu-blanc-rouge (!) avec une étoile “de mer” jaune.







L’histoire des acadiens est douloureuse, principalement et fondamentalement marquée par ce qu’ils appellent “Le Grand Dérangement”, qui eut lieu entre 1755 et 1763. Les britaniques déportèrent les acadiens en bâteau de la Nouvelle-Ecosse vers plusieurs régions lointaines (Nouvelle-Angleterre, Louisiane, ...). Cette déportation - car c’est c’est une déportation - est massive. Par la suite, les acadiens pourront revenir, mais dans d’autres régions du Canada et toujours avec des conditions restrictives fortes, qui leur fera garder un rang social moins élevé. Ce n’est que depuis une quarantaine d’années, à force de luttes pour leur identité, qu’ils ont un vrai pouvoir économique et politique. 

Mais, malgré tout, de nombreux acadiens déportés n’ont pas pu revenir et ont conservé leur identité acadienne. Ils s’en réclament fortement et reviennent régulièrement, notamment cet année où va avoir lieu le Congrés mondial acadien à Caraquet. 

Du coup, certains parlent presque d’une diaspora acadienne, comme on le dirait de la diaspora juive.

Et c’est vrai que les parallèles existent, dans le sens notamment des besoins identitaire, culturel et communautaire forts lié au fait d’être une minorité : des francophones au milieu des anglophones.


(conclusion : le film a été l'occasion de manger des crèpes au sirop d'érable et aux fraises au déjeuner ! - c'est à dire petit-déjeuner pour nous autres, français -. Merci à Michèle et Marc.)